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En course
03
Déc
Quarantièmes nous voilà !
Avant tout, je tiens à exprimer toute ma tristesse pour les skippers forcés à l’abandon. Je pense bien sûr à Nicolas, à Alex et désormais à Kevin.
Le récit de son naufrage est un véritable cauchemar, je suis admiratif de la façon dont il a géré la situation. Chapeau bas à Jean qui est venu lui porter assistance dans des conditions difficiles, Kevin ne pouvait pas tomber entre de meilleures mains.
Cette terrible avarie nous rappelle à l’ordre, les mers du Sud font immédiatement penser à l’océan Indien et l’océan Pacifique. Il ne faut pas oublier l’Atlantique Sud. Lui aussi sait se montrer intraitable.
Le Grand Sud tant espéré est aussi justement redouté pour être honnête. C’est fabuleux, les lumières sont incroyables, les vents puissants, en outre, les prochaines semaines de navigation, seront d’une intensité rare.
Avant d’y arriver, j’ai pris quelques heures pour checker tout le bateau et faire deux-trois petites bricoles. Je voulais arriver serein et être prêt à attaquer la partie gastronomique de ce Vendée Globe.
J’ai eu des tâches assez sérieuses à gérer, j’ai profité des bonnes conditions météorologiques pour faire tout ça, j’avais mon système qui permet de prendre des ris dans la bôme qui s’est arraché, il m’a fallu un bon moment pour réparer mais, j’ai finalement trouvé une solution qui fonctionne. D’autres choses me gênaient, les puits de foils n’étaient pas étanches, quand le bateau allait vite, j’avais 100 L d’eau par jour dans la soute à voile !
Pleins de petits sujets à résoudre qui sont maintenant sous contrôle.
J’ai goûté à la version « premium » de Sainte-Hélène qui a décidé de faire durer le plaisir, je n’avais pas beaucoup de solutions avec cet Anticyclone qui bloquait complètement la route de l’atlantique sud. En faire le tour complètement vers l’ouest n’aurait pas été rentable.
Comme il était en mouvement, le moins préjudiciable pour moi était d’y passer en empruntant la route la plus directe.
Je pense que j’ai passé le moment le plus difficile en terme d’absence de vent, il est maintenant beaucoup plus fort et constant. C’est désormais une navigation beaucoup plus rugueuse qui s’impose à nous.
Les fameux «quarantièmes rugissants».
En approchant, la température a chuté de 10 degrés en une seule journée, la houle a commencé à se former, un peu plus de 3 mètres de hauteur alors que j’étais englué dans les calmes de mon amie Sainte-Hélène. Joli présage des conditions à venir… Il y a eu comme un passage à niveau me faisant basculer en quelques heures de l’été à l’hiver. La lumière a changé, plus nuancée. Quant à la mer, elle est passée d’un bleu envoûtant à un vert profond fascinant, mais nettement moins engageant.
Sans transition, il a fallu ressortir les vestes polaires et les chaussettes étanches alors que la crème solaire et les lunettes de soleil régnaient en maître dans le cockpit.
« Grand Sud », l’obstacle majeur du Vendée Globe, je me mets au défi de te traverser… Sur la pointe des pieds et pas impunément : j’ai beau avoir l’expérience de ces mers peu hospitalières, l’appréhension est bien présente et j’ai le ventre noué…
Normal sans doute quand je pense aux 10 000 M qu’il me reste à parcourir sous ces latitudes.
Comme il faut plusieurs jours pour « entrer » dans la course et retrouver pleinement sa condition de marin, je me donne un peu de temps pour trouver mes marques dans cet univers à part.
Je voulais également vous parler de ma nutrition. Une alimentation plus riche désormais pour compenser les calories perdues à cause du froid.
Mon prochain repas de gala est prévu pour le passage du cap de Bonne Espérance !
Il fait parti des repas de fête à bord de Time For Oceans. J’aurai le droit à une entrée, un plat, un dessert, et même une bonne bière pour accompagner ces plats de qualités.
Il y a 8 bocaux, donc 8 points clés où je peux faire la fête à bord, le premier était l’équateur, le prochain est le cap de Bonne Espérance. Je ne vous mens pas, c’est vrai que j’ai hâte d’y être. Mon dessert est un Kouign-amann, donc en tant que breton d’origine, forcément c’est motivant. Je le regarde depuis que je suis parti, il va être tant de le déguster.
Pour l’aspect sportif, j’ai quelques frustrations.
Les décalages se sont payés très chers avec des écarts multipliés par 10 et des systèmes beaucoup plus favorables pour les skippers de devant. Je me remémore le premier passage à niveau raté juste après le deuxième front (à cause de sérieux problèmes techniques), ensuite tout s’est enchaîné, j’ai été rattrapé par l’anticyclone des Açores, qui lui aussi m’a coûté cher.
Ensuite, une version du pot au noir qui a commencé à se muscler alors que devant ils sont passés comme des fleurs, et là, l’Anticyclone de Sainte-Hélène qui a décidé de ralentir ma progression.
J’ai accumulé du retard, mais j’ai aussi creusé l’écart avec ceux de derrière !
En tant que compétiteur, mon objectif est de rattraper le groupe d’Alan (La Fabrique), Clarisse (Banque Populaire) et Romain (Pure Best Western).
Tous ces bateaux sont à porter de fusil, et je ne lâcherai rien!
Je vous remercie pour votre soutien.
À très bientôt pour la suite de l’aventure !
Stéphane
Publié par stephane dans En course le 3 décembre 2020