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En course

30
Déc
Vendée Globe 2020 #ARTICLE [The show must go on]

Le 17 décembre 2016 à 17h35 TU mon bel oiseau venait de se briser les ailes. Depuis le cap de Bonne Espérance je n’avais mis que 11 jours à rejoindre Leeuwin, seulement 4 heures de plus qu’Armel Le Cleach avec son foiler dernière génération. J’attaquais sans cesse, grisé par la vitesse, ivre des chronomètres qui s’emballaient.

Jusqu’à là je bénéficiais sans doute de la chance du nouvel arrivant, passant entre les gouttes des avaries qui menacent les skippers ayant l’outrecuidance de pousser leur machine au-delà des limites. 

Ce jour là un thalweg profond générait un vent hargneux ; une mer rugueuse corsait l’addition. Les surfs sauvages s’enchaînaient, j’étais cloîtré dans la cabine, le pont n’étant pas fréquentable.

Juste avant l’accident, je tentais de trouver le sommeil, sans succès. Fait inhabituel pour moi j’avais un violent mal de crane. Comme un signe précurseur ou un avertissement, un murmure qui me disait « quelque chose ne va pas ». 

Tout va très vite, une rafale hurle dans les haubans, le bateau se cabre, part dans un surf à 30 nœuds et s’ébroue dans une vague. Il s’en suit une détonation terrible, puis une espèce de silence pesant. Jaillissant sur le pont je découvre incrédule l’étendu des dégâts. L’ensemble de mon gréement est à la mer et la coque balafrée menace d’être percée par un moignon de mat qui s’agrippe au bordé.

Il m’a fallu 14 jours pour rallier Melbourne sous gréement de fortune, c’était une épreuve riche d’enseignements. Je me suis fait la promesse de panser mes plaies, de monter un nouveau projet et de revenir plus fort.

A l’instant même où j’écris ces lignes, le hasard fait que je ne suis qu’à 34 M dans le sud de la zone de l’accident. Plein d’émotion je mesure le chemin parcouru en 4 ans pour être là sous voiles, cap à l’est, avec un demi tour du monde accompli. 

Les larmes me montent aux yeux… mais ce sont des larmes de bonheur. Que l’aventure continue, je la reprends là où je l’avais laissée !

À bientôt pour d’autres nouvelles réjouissantes de Time For Oceans !

Stéphane 

Publié par stephane dans En course le 30 décembre 2020